Les TPE, couches protectrices de l’économie locale

Temps d'écoute : 21

Participant(s)

Nicolas Portier est consultant indépendant et enseignant au sein de l’École urbaine de Sciences Po. Son cours et ses recherches portent sur les stratégies économiques territoriales revisitées par les transitions écologique et énergétique. Ancien délégué général d’une association nationale de collectivités (Intercommunalités de France, ex-AdCF), il a longuement travaillé, de 2004 à 2021, au service de décideurs publics locaux et contribué aux réformes de l’organisation territoriale française. Il s’est occupé auparavant d’aménagement du territoire et de développement local en tant que conseiller au sein d’une administration rattachée au Premier ministre (Datar). Il est membre du conseil scientifique de l’Institut des hautes études d’aménagement des territoires (Ihédate) et préside le Cercle pour l’aménagement du territoire.

Retrouvez le podcast sur

Dans ce cinquième épisode du « Son Des Territoires », Victor Delage, fondateur de l’Institut Terram, reçoit Nicolas Portier, auteur de l’étude Très petites entreprises : une force économique pour le développement des territoires.

Ensemble, ils explorent comment ces très petites entreprises (TPE) sont au cœur de nos économies de proximité, comment elles se répartissent sur le territoire – avec un rôle encore plus important dans les zones rurales – et comment elles aident à absorber les crises grâce à leur stabilité. En France, on compte environ 1,2 million de TPE, et ensemble, elles emploient plus de 3,6 millions de personnes. Elles représentent plus de 80 % des entreprises employeuses et contribuent à environ un cinquième des emplois du secteur privé. Souvent mises de côté dans le débat public, les TPE jouent pourtant un rôle clé dans nos économies locales. Elles méritent qu’on s’y attarde un peu plus pour comprendre leur impact dans les territoires.

Pour Nicolas Portier, la répartition géographique des très petites entreprises (TPE) est ubiquitaire, leur poids dans l’emploi s’avérant même proportionnellement plus élevé dans les ruralités et les petites agglomérations que dans les métropoles. Au sein de communautés de communes telles que celles de Cambremer en Normandie, de la Montagne d’Ardèche en Auvergne-Rhône-Alpes, du Mont-Lozère en Occitanie, du Cap Corse dans l’île de Beauté, le pourcentage d’emplois porté par les plus petits établissements excède le seuil de 60 %, soit trois fois plus que la moyenne nationale. À l’échelle nationale, les très petites entreprises concentrent 31,5 % des emplois des intercommunalités de moins de 20 000 habitants, de profil rural et peu dense.

Nicolas Portier considère par ailleurs que le tissu des TPE, relativement stable, même s’il est constamment renouvelé par le turn over des créations et liquidations, joue un rôle de couche protectrice pour les économies locales et contribue à amortir les chocs des crises. Bien que les confinements et fermetures administratives de la période Covid aient impacté des secteurs dans lesquels elles sont très représentées, les TPE ont su faire preuve de résilience en mobilisant les dispositifs de soutien public (chômage partiel, prêts garantis, fonds de solidarité…) et les mesures de relance.

à écouter aussi

Épisode 6 – Les marques : principales instances de sécrétion d’imaginaire territorial ?

Épisode 4 – Lutter contre les entraves à la mobilité des jeunes ruraux

Épisode 3 – La Francophonie des territoires, un atout d’attractivité et de cohésion