Les jeunes ruraux passent 2 h 30 par jour dans les transports, soit 42 minutes de plus que les urbains du même âge

Selon une étude publiée ce jeudi 23 mai par l’Institut Terram et Chemins d’avenirs, les jeunes entre 15 et 29 ans qui habitent à la campagne perdent beaucoup de temps dans les transports. Résultat, la moitié renonce aux activités culturelles et 38% refusent des entretiens d’embauche.

Ils représentent un quart des 15-29 ans (26 %) mais ces jeunes qui vivent à la campagne ont du mal se déplacer, dans un quotidien rythmé par la nécessité d’aller et venir. C’est le constat d’une étude publiée ce jeudi 23 mai par l’Institut Terram et Chemins d’avenirs avec l’Ifop. «Parce qu’ils sont loin des opportunités et des services, les jeunes ruraux de 18 ans et plus, issus de communes très peu denses, passent en moyenne 2 h 37 dans les transports chaque jour», indique l’étude. C’est 42 minutes de plus que pour les jeunes urbains du même âge.

«Ces temps de transport s’ajoutent aux journées d’étude, réduisant drastiquement leur temps libre pour d’autres activités», observent les auteurs. Plus de la moitié des jeunes ruraux ont donc déjà renoncé à des pratiques culturelles faute de pouvoir se déplacer convenablement. Le simple fait de «se rendre en cours, s’engager dans une association, faire les courses, effectuer une démarche administrative, recevoir des soins» est compliqué par le manque de mobilité, note l’étude. Lorsqu’ils ne peuvent pas parcourir une certaine distance, les jeunes ruraux en viennent à se priver.

Très dépendant de la voiture, les jeunes ruraux s’estiment «mal desservis» par tous les modes de transports en commun, notamment le bus (53 %) et le train (62 %), contre respectivement 14 % et 24 % pour les jeunes urbains. Ils sont également pénalisés par le coût mensuel des transports bien plus élevé qu’en ville. Il s’élève en moyenne à 528 euros à la campagne (dont 461 destinés à la voiture), contre 307 euros pour la jeunesse urbaine.

Les entraves à la mobilité alimentent le vote RN

Près de la moitié des jeunes qui grandissant à la campagne (48 %) souhaitent rester y vivre. L’enjeu de la mobilité prend d’ailleurs une autre envergure quand vient le moment des études : «parce que 70 % des formations post-bac se situent dans les grandes métropoles, ceux qui souhaitent poursuivre des études supérieures devront nécessairement bouger pour se former […] on comprend qu’ils hésitent à franchir le pas vers une grande ville coûteuse sur les plans financier et matériel», indique les auteurs de l’étude.

Par ailleurs, lors de la recherche d’un emploi, 38 % des jeunes ruraux déclarent avoir déjà renoncé à un entretien d’embauche en raison de difficultés de déplacement. C’est 19 points de plus que pour les urbains du même âge. Et les difficultés ne s’arrêtent pas là, car une fois en poste, «la distance moyenne entre leur lieu de travail et leur domicile continue de peser sur les jeunes ruraux : 45 % d’entre eux ont déjà rencontré des difficultés pour se rendre au travail en raison de l’éloignement ou de problèmes de transport».

L’enquête révèle enfin que les jeunes ruraux sont davantage affectés par des problèmes de santé mentale : 76 % disent avoir connu des périodes intenses de «stress, de nervosité ou d’anxiété». 35 % ont eu des pensées suicidaires. Enfin, selon les auteurs de l’étude, les entraves à la mobilité alimentent le vote Rassemblement national : «au premier tour de la présidentielle de 2022, 39,6 % des jeunes ruraux ont voté pour Marine Le Pen, plus du double que leurs homologues urbains (18,1 %)».