Victor Delage lance l’Institut Terram, nouveau laboratoire d’idées pour penser les territoires

Alors qu’il lance son nouveau laboratoire d’idées, l’Institut Terram, jeudi 25 avril 2024, son fondateur Victor Delage explique, auprès d’AEF info, son ambition : penser, agir, innover pour les territoires. Comme l’illustre son étude “Réforme territoriale : pour une démocratie locale à l’échelle des bassins de vie” publiée le 11 avril et qui préconise le remplacement des 35 000 communes par 900 “territoires locaux” constitués à partir des “bassins de vie”. Ce nouvel échelon déciderait des “politiques du quotidien”, dont l’occupation des sols, les mobilités et le logement.

L’Institut Terram se lance officiellement, jeudi 25 avril 2024, lors d’un événement organisé par l’agence de conseil stratégique Havas territoires. Ce think tank s’est fixé l’ambition de “penser”, d'”agir” et d'”innover” pour les “territoires”, tout en revendiquant sa volonté de peser dans le débat public national, expose auprès d’AEF Info Victor Delage, son fondateur. D’où un élément central du programme : la présentation d’une étude sur la “mobilité sociale et géographique” de la “jeunesse rurale”, produite par Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’avenir, et Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP.

Ancien responsable des études et de la communication de la Fondapol (Fondation pour l’innovation politique, classée à droite), de 2017 à 2023, Victor Delage espère faire figurer l’Institut Terram au même rang que les principaux laboratoires d’idées du pays – l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès, Terra nova, Fondapol… Un objectif qui pourrait être facilité par des “partenaires” de taille : Axa, la Capeb, Engie, la Macif, la Mutualité française mais aussi la Fondation Jean Jaurès et Havas territoires.

En revanche, Victor Delage assure ne pas vouloir positionner l’Institut Terram sur le clivage gauche-droite, contrairement selon lui aux autres “think-tanks” cités précédemment. Son fil rouge est “la dynamique territoriale”, précise-t-il, qui “constitue un pilier central de l’innovation, qu’elle soit économique, industrielle ou numérique”. Une “dynamique” qui est aussi fondamentale dans “la mise en valeur du patrimoine culturel”, “la décarbonation” et “la préservation de l’environnement”, “la cohésion sociale” et “l’accès aux services publics”, détaille ce diplômé de Sciences po Grenoble et du Collège d’Europe.

En pratique, l’Institut Terram travaille de manière “collégiale et multidisciplinaire”, indique Victor Delage. Sa première étude, intitulée “Réforme territoriale : pour une démocratie locale à l’échelle des bassins de vie” parue le 11 avril, a été réalisée par Jean Coldefy, ingénieur et président du conseil scientifique de France mobilités, et par Jacques Lévy, géographe. “Il s’agit évidemment d’une contribution à la mission d’Éric Woerth sur la décentralisation que lui a confiée le président de la République”, assure le fondateur de l’Institut Terram, alors que le député Renaissance doit rendre ses conclusions à Emmanuel Macron le 3 mai prochain.

Principal constat de cette étude : “le périmètre du quotidien n’est plus en adéquation avec le périmètre électoral communal”, écrivent les auteurs. “Les difficultés actuelles d’étalement urbain, de mobilité, de logement et d’affaiblissement du vivre ensemble par la spécialisation sociale des territoires trouvent leur origine dans cette gestion communale à l’échelle d’une maille géographique trop petite, inadaptée aux enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui.” D’où une proposition choc : regrouper les près de 35 000 communes en 900 “territoires locaux” sur la base des “bassins de vie”.

“À cette échelle se décideraient les politiques du quotidien”, préconisent Jean Coldefy et Jacques Lévy, avant de les énoncer : occupation des sols, mobilités et logement. “La mise en œuvre par l’État de la politique du ZAN n’est sans doute pas étrangère à cet échec de fait d’une régulation purement communale de la gestion des sols, dont on a vu la conséquence en matière de dispersion de l’habitat et de mobilité”, soulignent-ils. “Pour la politique du logement, la petite taille des communes est également un frein à la construction”, concluent les auteurs.