« La voiture symbolise une fracture au sein de la jeunesse française. Les urbains la perçoivent souvent comme un pollueur dont ils peuvent se passer, tandis qu’elle est vitale pour les ruraux, tant pour leur vie sociale que pour l’accès aux opportunités. À titre d’exemple, les jeunes ruraux majeurs sont 69 % à l’utiliser quotidiennement, contre seulement 31 % chez leurs homologues urbains. Il ne s’agit pas de dire que la jeunesse rurale n’est pas en faveur de l’écologie, mais ils n’ont tout simplement pas d’autre choix », déclare à News Tank Victor Delage, fondateur de l’Institut Terram, à l’occasion de la publication de l’étude Jeunesse et mobilité : la fracture rurale.
« Lorsque, pour des raisons de distance, de carence de l’offre de transports, de contraintes financières ou de manque de temps, ces déplacements deviennent impossibles, les renoncements se multiplient. Les jeunes ruraux se voient contraints de se priver de culture, de renoncer à la poursuite de leurs études, à une expérience à l’étranger, d’orienter leur premier emploi en fonction des trajets et de choisir entre loisirs et carburant lorsqu’ils font leurs comptes. Cette accumulation d’entraves façonne leur présent et leur avenir, limitant leur émancipation et leurs perspectives. »
Vous venez de publier “Jeunesse et mobilité : la fracture rurale”. Quel est le message principal de votre étude ?
L’objectif de cette étude, menée par l’Institut Terram et Chemins d’avenirs avec l’IFOP (Institut français d’opinion publique), est de quantifier les problèmes de mobilité au sein de la jeunesse rurale, avec une méthodologie inédite liée à la faible densité de population des territoires. Ici, les territoires ruraux correspondent aux communes « peu denses » et « très peu denses », soit 88 % des communes et un quart des jeunes de 15 à 29 ans (26 %).
Ce qui ressort très clairement de nos travaux, c’est que grandir dans un territoire rural signifie être éloigné de nombreuses opportunités. Cet éloignement oblige à parcourir des kilomètres pour se rendre au lycée, à un rendez-vous médical, à un entretien d’embauche ou pour accéder à la culture et suivre des études qui n’existent pas à proximité. Lorsque, pour des raisons de distance, de carence de l’offre de transports, de contraintes financières ou de manque de temps, ces déplacements de viennent impossibles, les renoncements se multiplient. Les jeunes ruraux se voient contraints de se priver de culture, de renoncer à la poursuite de leurs études, à une expérience à l’étranger, d’orienter leur premier emploi en fonction des trajets et de choisir entre loisirs et carburant lorsqu’ils font leurs comptes. Cette accumulation d’entraves façonne leur présent et leur avenir, limitant leur émancipation et leurs perspectives.