Qu’ils habitent en zones rurales, dans les villes moyennes ou dans les grandes métropoles, les Français adhèrent majoritairement aux enjeux écologiques, selon une étude publiée le 26 juin par l’Institut Terram. Réalisée par Antoine Bristielle, docteur en sciences politiques et directeur France de l’ONG Project Tempo, elle se fonde sur les résultats d’une enquête d’opinion nationale, croisés avec des données statistiques territoriales sur la démographie, le vote aux élections, etc.
Une adhésion à la transition écologique dans tous les territoires
« L’étude montre que le backlash écologique n’est pas du tout partagé par la majorité des citoyens. Il est seulement cantonné à une partie des responsables politiques », décrypte pour AEF info Antoine Bristielle, ce 27 juin. L’étude met également à mal l’idée que le monde rural est plus réfractaire aux questions environnementales. Ainsi, 65 % des habitants en zones rurales estiment essentiel que la France mette en place une politique de lutte contre le dérèglement climatique, 72 % dans les petites villes, 69 % dans les villes moyennes, 74 % dans les grandes villes et 71 % dans l’agglomération parisienne.
En revanche, des clivages territoriaux apparaissent lorsqu’il s’agit d’apporter des réponses concrètes aux enjeux environnementaux. En moyenne, 45 % des Français estiment qu’on leur « demande déjà trop de sacrifices personnels pour faire face aux enjeux climatiques ». Ce qui se traduit par 49 % en milieu rural (près d’un habitant sur deux) contre 41 % dans les grandes agglomérations. À noter que la métropole du Grand Paris fait figure d’exception avec 48 % de citoyens récalcitrants. « En zones rurales, ce résultat n’est pas corrélé au vote politique mais à un sentiment d’injustice territoriale, les habitants estimant que leurs préoccupations sont moins bien représentées à l’échelle nationale, notamment par les défenseurs de l’environnement », analyse Antoine Bristielle. Plus dépendants à la voiture, ils sont par ailleurs moins dotés en infrastructures de transports en commun.
Un coût financier clivant
Les différences s’avèrent encore plus nettes lorsqu’il s’agit de participer à la lutte contre le dérèglement climatique pour un coût compris entre 10 et 100 € par mois. Les habitants de zones rurales, de petites villes et de villes moyennes, ne sont prêts à consacrer 10 € par mois qu’à hauteur de 40 % des sondés, contre 53 % dans les grandes agglomérations et 72 % dans l’agglomération parisienne. Un résultat évidemment liés au niveau de revenus des habitants. Nempêche : là où les habitants se sentent « représentés, reconnus et associés à la fabrique des « l’adhésion aux politiques environnementales persiste malgré les contraintes économiques », plaide lauteur.
L’étude souligne également la différence de soutien apporté par les citoyens selon les mesures environnementales mises en oeuvre, sans pour autant qu’il existe des clivages territoriaux marqués. L’adhésion la plus forte vise la construction de nouvelles sources d’énergies renouvelables, devant la rémunération des agriculteurs pour qu’ils installent des panneaux photovoltaïques et la taxation des importations provenant de pays où les normes environnementales sont moins strictes. L’interdiction de vendre de nouvelles voitures à essence ou diesel arrive quant à elle en queue de peloton (7e position).
Revoir la fabrique des politiques
De tous ces constats, Antoine Bristielle conclut qu’il faut « rompre avec une logique prescriptive et unilatérale », qui tend à « imposer un modèle unique de transformation écologique » au profit de politiques environnementales davantage territorialisées. Celles-ci doivent être « attentives à la diversité des aspirations citoyennes, en phase avec le mouvement de reterritorialisation de l’action environnementale des entreprises et solidement ancrées dans les capacités concrètes des collectivités locales », recommande-t-il. Enfin, il suggère de « construire un narratif autour des préoccupations environnementales les plus locales, comme la qualité de l’air, de l’eau ou les transports en commun ». Autant de recommandations qui visent également les élus locaux, pour que la transition écologique ne sorte pas des radars lors de la campagne des élections municipales.