Échange entre Victor Delage, fondateur de l’Institut Terram et co-auteur de l’étude “Jeunesse et mobilité : la fracture rurale”, et le journaliste Olivier Cammas de radio Totem. Victor Delage rappelle que la vie à la campagne impose un rythme où la gestion de la distance et des transports s’avère être une compétence essentielle pour les jeunes. Cette situation débute dès le plus jeune âge, 94 % des jeunes ruraux étant scolarisés hors de leur commune. La distance parcourue ne fait qu’augmenter avec l’avancée dans le parcours scolaire : en moyenne, 11,3 kilomètres pour le collège, puis 23,2 kilomètres pour le lycée. Cet éloignement ne se limite pas à l’école. Il concerne aussi l’accès aux loisirs, aux sports, aux associations… La dépendance aux transports est totale. Or, à la problématique des kilomètres s’ajoute celle d’une offre de transports en commun insuffisante, qui ne compense pas l’éloignement : 53 % des jeunes ruraux déclarent être mal desservis par le réseau de bus, contre seulement 14 % chez les jeunes urbains, soit 39 points d’écart. Même estimation pour le train, avec 62 % des jeunes ruraux qui s’estiment mal desservis versus 24 % des jeunes urbains.
Posséder une voiture devient donc très vite vital. Les trois quarts des jeunes ruraux (77 %) passent d’ailleurs leur permis de conduire entre 18 et 24 ans. Et 69 % des 18-29 ans utilisent quotidiennement leur véhicule, soit 31 points de plus que leurs homologues urbains. L’usage de la voiture augmente également avec l’âge : 53 % des jeunes ruraux entre 18 et 24 ans passent plus de 30 minutes par jour au volant, proportion qui monte à 60 % chez les 25-29 ans. Seuls 5 % d’entre eux déclarent ne pas en avoir à la maison, contre 20 % chez les jeunes urbains. Lorsque plusieurs membres d’un foyer sont en âge de travailler, il est courant de posséder une voiture supplémentaire. Selon nos données, deux tiers des foyers ruraux en possèdent au moins deux, contre seulement un tiers des foyers urbains.