Les kilomètres pèsent lourd pour les jeunes qui habitent les campagnes. La distance et la rareté des transports en commun ont, bien sûr, des effets sur leur quotidien immédiat. Mais aussi des conséquences plus lointaines, sur leur santé, leur scolarité. Et donc leur vie future.
Ainsi, 30 % des jeunes ruraux âgés de 15 à 29 ans ont déjà dû renoncer à se rendre sur leur lieu d’étude, à cause de difficultés de déplacement. 26 % ont renoncé à un rendez-vous médical. Et 22 % à un entretien d’embauche, selon un sondage Ifop pour l’association Chemins d’avenirs et le think tank Institut Terram, que Ouest-Francedévoile ce jeudi 23 mai 2024.
« La mobilité des jeunes ruraux façonne non seulement leur mode de vie actuel mais aussi leurs trajectoires futures, C’est ce qui est mis en lumière dans notre enquête », commente Victor Delage, fondateur de l’Institut Terram, dans un communiqué. Ils sont aussi 41 % à avoir dû renoncer à rendre visite à un proche, ou à avoir renoncé à une activité de loisir, faute de solution de transport.
Une dépendance à la voiture
Car les solutions sont moins nombreuses. 53 % des jeunes ruraux déclarent être mal desservis par le réseau de bus et 62 % par le train. Trois fois plus que leurs cousins des villes : cette proportion est respectivement de 14 % et 24 % chez les jeunes urbains âgés de 15 à 29 ans.
D’où une dépendance à la voiture, très marquée dès lors que les jeunes ruraux deviennent majeurs. À la campagne, les jeunes âgés de 18 à 29 ans sont ainsi 69 % à dépendre de la voiture quotidiennement, contre 38 % des jeunes adultes urbains.
42 minutes de plus chaque jour
Quand la journée s’achève, les ruraux ont perdu beaucoup plus de temps dans les transports. Les jeunes adultes, âgés de 18 à 29 ans, doivent y consacrer 2 h 37 par jour, en moyenne. C’est 42 minutes de plus que pour les jeunes urbains majeurs. Du temps en moins pour étudier ou se consacrer à des loisirs.
« Le problème n’est évidemment pas de vivre à la campagne. Le véritable enjeu, c’est que les jeunes qui y grandissent aient les mêmes chances de départ que les jeunes des grandes métropoles », observe Salomé Berlioux, directrice générale de Chemins d’avenirs. « La question de la mobilité détermine toutes les autres, avec des jeunes ruraux qui demeurent assignés à résidence, faute de dispositifs leur permettant de franchir les barrières matérielles et symboliques qui trop souvent limitent leur potentiel. »