Les TPE, surreprésentées dans certains secteurs d’activité comme le bâtiment, l’artisanat ou le commerce, sont très connectées à l’économie de proximité et participent donc au développement des territoires. Un terrain tout choisi pour l’institut Terram, nouveau groupe de réflexion “collégial et multidisciplinaire” dédié à l’étude des territoires qui leur consacre une étude intitulée “TPE : une force économique pour le développement des territoires” publiée le 25 juillet 2024. La note porte plus spécifiquement sur les entreprises composées de 1 à 9 salariés, disposant d’une immatriculation et d’un capital social. Des TPE qui sont, d’après l’Insee, au nombre de 1,24 million en France, en forte progression au cours de la décennie, et qui comptent 3,6 millions de salariés en 2022. Elles représentent 82,1% des entreprises employeuses en France, les 17,9% restantes, de 10 salariés et plus, étant composées dans leur grande majorité des petites ou moyennes entreprises. Ces TPE sont surreprésentées dans le commerce, les transports, l’hébergement-restauration, la construction, les activités culturelles.
Un poids important dans les secteurs de l’économie de proximité
Elles emploient ainsi plus de 20% des salariés dans le commerce, près de 30% au sein des activités immobilières, 35% des salariés dans la construction et 39% dans l’hébergement-restauration, des secteurs liés à l’économie de proximité, dite “présentielle”, centrée sur la consommation locale. En revanche, leur poids dans l’emploi est inférieur à 10% des effectifs de l’industrie, du transport, de la logistique, de la finance et de l’assurance, où prédominent de grands acteurs.
Leur répartition géographique est ubiquitaire, “leur poids dans l’emploi s’avérant même proportionnellement plus élevé dans les ruralités et les petites agglomérations que dans les métropoles”, indique le document. Dans certaines communautés de communes, celles de Cambremer en Normandie, de la Montagne d’Ardèche en Auvergne-Rhône-Alpes, du Mont-Lozère en Occitanie, le pourcentage d’emplois porté par ces petits établissements se situe au-delà de 60%, soit trois fois plus que la moyenne nationale. “À l’échelle nationale, les petits établissements concentrent 31,5% des emplois des intercommunalités de moins de 20.000 habitants, de profil rural et peu denses, indique le document. Cette proportion tend à se réduire au fur et à mesure que la strate démographique des groupements de communes s’élève”, pour atteindre seulement 16% dans les plus grandes agglomérations (200.000 habitants et plus). Les TPE sont aussi plus présentes dans la moitié sud du pays (régions méridionales, arrière-pays méditerranéens et contreforts du Massif central et Corse). À l’inverse, le Grand Ouest concentre davantage de grosses PME et ETI, sur lesquelles repose une grande partie de l’emploi.
Les TPE jouent un rôle de “couche protectrice”
Autre constat : si les grandes entreprises (hors acquisitions) détruisent massivement de l’emploi (plus de 240.000) et les PME voient leur nombre de salariés s’éroder, les micro-entreprises employeuses, donc les TPE, ont été les championnes de la création nette d’emplois entre 2008 et 2017. C’est la catégorie la plus créatrice d’emplois (plus de 220.000), suivie par celle des entreprises de taille intermédiaire (environ 60.000). “Les dynamiques sont positives dans la totalité des régions et dans la majorité des zones d’emplois, indique l’étude, les territoires où les créations d’emplois sont insuffisantes pour compenser les suppressions se concentrent dans l’arrière-pays et l’axe Meuse-Creuse où les soldes sont légèrement déficitaires. Elles jouent un rôle de ‘couche protectrice’ de l’emploi et d’amortisseur des crises.”
Plusieurs éléments conditionnent l’épanouissement des TPE dans leur territoire : leur capacité à mobiliser des ressources, à recruter, à investir et à assurer leur “développement organique” au sein de leur bassin de vie, leur regard sur le circuit local de consommation et les échanges entre agents économiques locaux. Leur développement repose aussi sur les qualifications des salariés, l’offre foncière et immobilière, la qualité des infrastructures collectives et des réseaux techniques, des aménités de toutes sortes (culture, loisirs…) et les revenus des ménages. “Sans renoncer aux démarches tournées vers l’attractivité externe (tourisme, investissements industriels et logistiques…), les stratégies de développement territorial ont beaucoup à faire pour activer des ressources endogènes”, souligne l’auteur Nicolas Portier, ancien délégué général d’Intercommunalités de France (ex-ADCF), aujourd’hui consultant et enseignant.
Des plans d’accès des TPE à la commande publique
Pour développer ce réseau de TPE, le rapport met en avant plusieurs idées, au premier rang desquelles la nécessité d’une attention accrue sur cette catégorie d’entreprises de la part des institutions universitaires, des collectivités et des pouvoirs publics nationaux (amélioration des outils de suivi statistiques…). Les auteurs estiment aussi qu’il est indispensable de décentraliser les dispositifs d’accompagnement existants, en les adossant aux collectivités, particulièrement aux intercommunalités, aux réseaux d’accompagnement et aux organismes consulaires. “Les solutions immobilières et foncières proposées au cours de leur parcours résidentiel (pépinières, hôtels d’entreprises, parcs d’activités) doivent être complétées par des bouquets de services mutualisés (transports, logistique, crèches et restaurants interentreprises, très haut débit)”, indique l’étude. Enfin, elle insiste sur l’importance de la commande publique, qui représente près de 300 milliards d’euros de flux monétaires et dont les TPE profitent encore peu. “Des plans d’accès des TPE à la commande publique devraient être encouragés partout en France”, insiste le document.