La place et le poids économique des entreprises de moins de 10 salariés sont peu étudiés. « Il y a un point aveugle à ce sujet », explique Nicolas Portier, auteur d’une étude sur ce thème pour l’institut Terram, groupe de réflexion dédié aux territoires.
Pour y remédier, il a d’abord fallu faire le tri dans les données. Afin de se concentrer sur les entreprises de moins de 10 salariés qui emploient, excluant ainsi les autoentreprises et indépendants. Avec ces critères, la France compte 1,24 million de Très petites entreprises (TPE), un chiffre en forte hausse depuis 10 ans. Elles représentent 82,1 % des entreprises employeuses en France et comptent 3,6 millions de salariés, soit près d’un cinquième des emplois, constate l’étude.
« Leur poids dans l’emploi est proportionnellement plus élevé dans les ruralités et les petites agglomérations que dans les métropoles », relève l’étude. Ainsi, elles « concentrent 31,5 % des emplois des intercommunalités de moins de 20 000 habitants, de profil rural et peu denses », indique le document. Dans certaines communautés de communes, dont celles de Cambremer en Normandie, de la Montagne d’Ardèche en Auvergne-Rhône-Alpes ou du Mont-Lozère en Occitanie, ces structures pourvoient même plus de 60 % des emplois.
Les TPE ont un rôle d’amortisseur de crises
Cette répartition géographique leur donne « un rôle d’aménagement du territoire et d’amortisseur des crises », note Nicolas Portier. Entre 2008 et 2017, c’est la catégorie la plus créatrice d’emplois (plus de 220 000), suivie par celle des entreprises de taille intermédiaire (environ 60 000). « Les dynamiques sont positives dans la totalité des régions », indique l’étude. « Elles ont un rôle clé dans la création nette d’emplois mais on ne le voit pas », constate encore Nicolas Portier.
Leur développement est soutenu par la multiplication des réseaux de franchise et d’entrepreneurs ou des clubs d’affaires. Mais elles sont freinées par un moindre accès à la commande publique ou à des difficultés de recrutement. Des écueils qui peuvent être surmontés « par un plus grand accompagnement des pouvoirs publics et un regroupement de ces structures », note Nicolas Portier. L’union fait aussi la force des TPE.